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Nora.

Vous lui dites tout ?

Krogstad.

Avec les plus grandes atténuations possibles.

Nora, d’une voix haletante.

Il ne faut pas qu’il voie cette lettre. Déchirez-la, je trouverai de l’argent.

Krogstad.

Pardon, madame ; mais je crois vous avoir dit, il y a un moment…

Nora.

Oh ! je ne parle pas de l’argent que je vous dois. Dites-moi la somme que vous demandez à mon mari et je vous la donnerai.

Krogstad.

Je ne demande pas d’argent à votre mari.

Nora.

Alors, que voulez-vous ?

Krogstad.

Je vais vous dire : Je veux réussir, madame, je veux faire fortune et votre mari doit m’y aider. Depuis un an et demi, je n’ai commis aucun acte indélicat. Pendant tout ce temps j’ai lutté avec les plus dures difficultés. J’étais satisfait de recommencer à gravir les échelons un à un. Maintenant on me congédie. Il ne me suffit pas qu’on me réintègre par suite d’une faveur. Je veux entrer à la banque dans des conditions meilleures qu’avant… Il faut que votre mari crée une place pour moi…

Nora.

Cela, il ne le fera jamais.

Krogstad.

Il le fera. Je le connais. Il n’osera pas sourciller, et une fois cela obtenu, vous verrez. Avant un an, je serai