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UNE MAISON DE POUPÉE



Scène VII

NORA, HELMER.
Helmer replie ses papiers.
Helmer.

Eh bien ! madame la têtue !

Nora, d’une voix étouffée.

Qu’y a-t-il dans cette enveloppe ?

Helmer.

La révocation de Krogstad.

Nora.

Arrête, Torvald, il est encore temps. Oh ! Torvald, arrête cette lettre. Fais-le pour moi, pour toi, pour les enfants ! Écoute-moi, Torvald… Fais-le, tu ne sais pas ce qu’il peut nous en coûter à tous.

Helmer.

Il est trop tard.

Nora.

Oui, trop tard.

Helmer.

Ma chère Nora, je te pardonne cette angoisse bien qu’au fond elle soit injurieuse pour moi. Oui, elle l’est. N’est-ce pas une injure que de croire que je pourrai avoir à craindre la vengeance d’un misérable chicaneau ? Mais de toutes façons je te la pardonne, parce que cela prouve la grande affection que tu as pour moi. (Il la serre dans ses bras.) Il le faut, ma Nora adorée. Quoi qu’il arrive, il le faut. Dans les heures graves tu verrais que j’ai de la force et du courage et que je prends tout sur moi.

Nora, effrayée.

Que veux-tu dire ?