Page:Ibsen - Un ennemi du peuple, trad. Prozor, 1905.djvu/85

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

indicible joie que je vois autour de moi toute cette vie en germe, en travail. Quelle superbe époque que la nôtre ! C’est comme un monde nouveau que nous voyons se former sous nos peux.

LE MAIRE

Vraiment ? Tu trouves ?

LE Dr  STOCKMANN

Oui, je comprends que tu ne puisses pas t’en rendre compte comme moi. Tu as passé toute ta vie sans sortir d’ici et cela amortit les impressions. Mais moi qui ai dû m’enfermer pendant des années, là-haut, vers le pôle, dans un coin perdu, sans presque jamais rencontrer un visage nouveau, entendre une parole de vie, j’éprouve le sentiment que j’aurais eu en me trouvant tout à coup au milieu d’une grande ville pleine de mouvement et d’action.

LE MAIRE

Hem… une grande ville…

LE Dr  STOCKMANN

Oui, je sais bien. Tout cela est petit en comparaison de ce qu’on voit ailleurs. Mais il y a ici de la vie, de l’avenir, une quantité de choses