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XLII PREFACE

venus à lui par sympathie d’effort. Et il connaît aussi lajeunessequilui arrive, attirée par la même sympathie. Laquelle de ces deux natures a le plus de prise non sur les plus nombreux mais sur les plus forts, qui ne sont pas nécessairement les p’ us seuls, mais qui sont capables de l’être ? Est-c ? Ibsen, est-ce Nietzsche qui arrive le mieux à former à son tour des natures de maître ? Ou bien cette question est-elle oiseuse ? Ibsen et Nietzsche sont-ils simplement les deux côtés d’un parallélogramme de forces où peut s’exprimer, sur le terrain littéraire, le mouvement qui nous entraîne vers un nouvel état d’esprit et le monde vers un nouvel état de choses ? Et la résultante n’est-elle pas encore à tracer et à désigner d’un nom nouveau, quand viendra celui chez qui l’effort ne se fera plus sentir et qui, nous prenant par la main, nous conduira sans violence, avec une sérénité olympienne, vers cet état où nous nous trouverons tout à coup à notre aise, comme si nous y avions toujours été ?

Quoi qu’il en soit, ces hommes de volonté n’ont pas réussi à nous faire apparaître la volonté humaine comme une force indépendante. M. Brandes, que je viens de nommer, n’a-t-il pas donné aux plus importantes de ses études littéraires le titre collectif de « Principaux courants de la vie intellectuelle de notre temps » ? Or, obéira un courant, surtout inconsciemment, comme l’ont fait les esprits originaux qu’il ncus explique par la vie autant que par l’œuvre, ce n’est pas être libre, tant s’en faut. Et on ne Test pas davantage en restant, quoi qu’on fasse, soumis à des