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LE Dr STOCKMANN

Mais si, — écoutez-moi bien ! Ce qu’il faut exterminer ce sont les chefs de parti. Car un chef départi, voyez-vous, c’est comme un loup, oui, c’est comme un loup dévorant qui a besoin pour vivre de tant et tant de pièces de bétail chaque année. Regardez plutôt Hovstad et Aslaksen : combien de pièces de bétail leur tombent en pâture ! À moins qu’ils ne les estropient et ne les mutilent de telle façon qu’elles ne soient plus bonnes qu’à faire des propriétaires de maison et des abonnés du « Messager » ! (Il s’assied à demi sur la table.) Viens donc voir, Catherine, comme le soleil entre chez nous aujourd’hui. Et tout cet air printanier dont j’ai pu m’emplir les poumons !

Mme STOCKMANN

Oui, Thomas, si l’on pouvait ne vivre que de soleil et d’air printanier !

LE Dr STOCKMANN

Bah ! tu rogneras, tu feras des économies, on s’en tirera ainsi. C’est là le moindre de mes soucis. Non, le pis est que je ne connais personne d’assez libre, ni d’assez distingué pour continuer mon œuvre après moi.