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ordinaire vous en pondront de presque aussi beaux. En revanche, considérez une poule de race cultivée, espagnole ou japonaise, ou encore une dinde, un noble faisan, que sais-je ? la différence saute aux yeux. Et les chiens donc, avec qui nous sommes en si étroite communauté ? Figurez-vous d’abord un simple chien de village, un de ces misérables roquets qui courent, pelés, le long des rues, en salissant les murs. Et maintenant mettez-le à côté d’un beau caniche, de ceux qui, pendant plusieurs générations, ont été élevés dans des maisons seigneuriales, nourris de mets délicats, l’oreille faite aux sons de la musique et d’un langage harmonieux. Ne croyez-vous pas que le caniche aura le crâne autrement développé que le roquet ? Vous pouvez y compter ! Ce sont des caniches de cette sorte que certains industriels prennent tout jeunes pour leur enseigner les tours les plus invraisemblables. Jamais un roquet n’en apprendra de pareils, se mit-il la tête en bas et les pattes en air.

(Bruit et rires dans toute la salle.)