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PÉTRA

Vous ne me comprenez pas, je crois. Il est question là-dedans d’une Puissance surnaturelle qui se charge de ceux qu’on appelle ici-bas les bons et arrange tout pour le mieux en leur faveur, tandis que ceux qu’on appelle les méchants reçoivent leur châtiment.

HOVSTAD

Mais je n’y vois rien à redire. C’est l’aliment que le peuple demande.

PÉTRA

Est-ce à vous de le lui servir ? Vous ne pensez pas le premier mot de tout cela. Vous savez bien que les choses ne se passent pas ainsi en réalité.

HOVSTAD

Vous avez parfaitement raison. Mais un rédacteur de journal ne peut pas toujours faire ce qu’il voudrait. Il doit parfois s’incliner devant l’opinion populaire dans les choses de moindre importance. Ce qu’il y a de plus important au monde c’est la politique, — du moins pour un journal. Si je veux avoir le peuple avec moi et le conduire à la liberté et au progrès, je ne dois pas l’effaroucher. S’ils trouvent un conte moral