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PRÉFACE


À Madame Elisabeth Fœrster-Nietzsche.

I

C’était en 1881. Les Revenants venaient de soulever contre Ibsen l’indignation publique. Les portes de tous les théâtres de Norvège s’étaient refermées soudain devant celui qui, à plusieurs reprises, les avait triomphalement forcées. L’auteur longtemps combattu mais définitivement victorieux de la Comédie de l’Amour et des Soutiens de la Société ne trouva pour accueillir sa nouvelle pièce qu’un directeur suédois, M.  Lindberg, dont la troupe faisait à cette époque une tournée Scandinave. Ce fut lui qui révéla aux Norvégiens les Revenants traduits dans sa langue. Pendant quinze ans et plus, les habitants de Christiania ne devaient les voir qu’en traduction, comme de simples Parisiens. Notez que c’était la période héroïque où Paris s’enrichissait d’une phalange ibsénienne pareille à celles que possédaient déjà Berlin, Munich et Vienne, à celles que Londres, Rome, Saint-Pétersbourg, Madrid, New-York allaient bien-