voyagent seules, comme les misses américaines, mais se distinguent de ces dernières par je ne sais quel enthousiasme dans l’âme, que leurs yeux traduisent. Il n’y a pas jusqu’à cette expression vague et énigmatique qu’on voit passer de temps en temps sur les traits de Hilde, qui ne soit copié d’après nature. Ce n’est souvent, chez les jeunes filles de son pays, qu’un artifice de coquetterie. Mais cela peut être aussi, comme chez elle, un symptôme de névrose, de folie latente couvant sous une apparence de vigueur et de santé.
Cette folie s’accentue peu à peu au contact de celle de Solness. Elles se comprennent, s’attirent et se stimulent l’une l’autre, et voilà qu’Ibsen nous montre, une fois de plus, dans un drame charpenté à l’antique, l’action inexorable d’une de ces lois absolues et cruelles qui remplacent, chez lui, l’aveugle fatalité des anciens.
À peine cette loi est-elle en œuvre, que