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LE CONSTRUCTEUR

son propre cerveau, une folie qu’il sait contagieuse, afin qu’elle s’empare de plus d’un d’entre nous.

Il veut que nous vivions avec lui dans le rêve où il sera plongé, et il traduit sa pensée en langage de rêve, c’est-à-dire par l’intermédiaire de figures obsédantes et précises. Elles accomplissent des actes dont on ne saisit pas de suite l’enchaînement, mais nous les voyons si actives et douées d’un tel relief, que nous ne pouvons en détacher les yeux et que nous les comprenons à la fin, par intuition.

De temps en temps seulement, un personnage exprime la pensée du poète en quelques mots, ou même en un seul mot qui, dans ces conditions, fait l’effet d’un trait de lumière. N’est-ce pas de la même façon que les choses se passent en rêve ? Un mot, la façon dont il est prononcé, dont il frappe nos oreilles ne nous découvre-t-il pas tout un abîme de pensées, dont