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LE CONSTRUCTEUR

tion conquise (tout cela est-il vraiment si rare ?), il comprendra et rendra intelligible le déséquilibre de son esprit, sa folie, la conscience qu’il en a, la peur qu’elle lui inspire, enfin ce qu’il y a de tragique et ce qu’il y a de vrai dans la figure de Halvard Solness. Il faut, en un mot, que l’artiste chargé de ce rôle oublie son côté symbolique, qu’il ne fasse pas de philosophie, qu’il ne fasse que de l’art.

Demain, Solness le Constructeur sera donné à Copenhague, à Berlin, à Vienne. Nous verrons l’effet qu’il produira.

Quant à moi, j’ai la conviction que cette œuvre, contrairement à la plupart des drames philosophiques, a besoin de la scène pour se bien faire valoir. Voici mes raisons pour le croire.

Si Ibsen, pour nous raconter son âme et tout ce qui s’y presse, ses espérances, ses regrets, ses aversions, ses tristesses, nous parle en langage symbolique, c’est que ce