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LE CONSTRUCTEUR

mis de supposer que certains lecteurs ou spectateurs s’intéresseront à l’aventure de Maître Solness et de la petite Hilde qu’il a ensorcelée jadis et qui vient l’ensorceler à son tour et le perdre, sans chercher aucun symbole dans cette fantaisie dramatique.

La pauvre Mme Solness, qui se soumet pieusement aux décrets de la Providence quand il s’agit de la perte de ses enfants, en songeant seulement qu’ils sont plus heureux qu’elle, mais qui, en revanche, se sent détruite « par les petits deuils de l’existence », qui ne peut se souvenir sans déchirement de ses vieilles poupées, victimes de l’incendie, rappellera certainement à plus d’un quelque âme féminine puérile et désemparée qu’il a connue. Ceux-ci se soucieront médiocrement de savoir qu’Aline représente les charmes flétris du passé. Ils se contenteront d’admirer la délicieuse scène où elle dévoile à Hilde son âme naïve et souffrante.