Oserai-je le faire ? En ai-je encore le droit ?
Mais Dieu me pardonne ! qui de nos jours se préoccupe du droit ?
De nos jours les questions se tranchent
Uniquement par la force.
Je déclare donc nettement : que je le veux ainsi.
Cependant contrairement à l’usage prussien
A votre bonne grâce je ferai aussi appel
Et je vous prierai de vous montrer clémente
Pour mon absence et pour mon silence.
Je vis ici comme maintenant
On vit à Paris,
Au milieu de lourds Allemands au langage héroïque
Qui veulent par la force régenter le monde.
Bravades, cris et drapeaux agités en l’air,
« Wacht am Rhein »… Voilà ce qu’on appelle la poésie.
Je suis ceinturonné par ce cercle.
Eh bien ! croyez-moi, souvent
Je trouve la ceinture bien étroite.
Hâbleries de brasserie et mensonges politiques,
Voilà la viande creuse qu’on me sert.
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POÉSIES COMPLÈTES D’IBSEN