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ACTE II
LE PÈRE

Nous ferons faire des recherches autour de notre cabane. (Il va en avant avec sa femme.)

SOLVEIG (à Aase)

Parlez-moi encore de lui.

AASE (s’essuyant les yeux)

De mon fils ?

SOLVEIG

Oui. Dites-moi tout.

AASE (souriant et se rengorgeant fièrement)

Tout ? Il y aurait trop à dire. Tu perdrais patience.

SOLVEIG

Vous serez plus tôt fatiguée de parler que moi d’écouter.



(Hauteurs vues au pied des fjaells. Au loin, des sommets neigeux. Les ombres s’allongent. Le jour décline.)

PEER GYNT (accourant à toutes jambes et s’arrêtant sur la colline)

Toute la commune est après moi ! Ils sont armés de bâtons et de fusils. En avant, on entend brailler le père de la mariée ! Eh bien ! on en parle, maintenant, de Peer Gynt ! C’est une autre affaire que de se colleter avec un forgeron ! Ça s’appelle vivre, au moins ! On se sent comme un ours de la tête aux pieds. (Il bondit et lance le poing à droite et à gauche.) Braver, lutter, nager contre le courant ! Frapper !