Page:Ibsen - Peer Gynt, trad. Prozor, 1899.djvu/275

Cette page a été validée par deux contributeurs.
242
PEER GYNT
PEER GYNT

Voyons, mon ami, sois gentil. Tu n’as, sans doute, pas grand’chose à faire. L’air est si bon dans ce district. Ça allonge la vie des habitants. « On meurt rarement dans cette vallée, » comme disait le curé de Justedal.

LE FONDEUR

Eh bien donc ! jusqu’au prochain carrefour ! Mais pas plus loin…

PEER GYNT

Un prêtre ! dussé-je aller au feu pour le trouver !



(Une pente couverte de bruyère. Un chemin serpente sur la hauteur.)

PEER GYNT

« Ça peut toujours servir, à quelque chose », disait Esbing en ramassant son vieux soulier. Qui eût pu prévoir qu’un soir viendrait où l’on serait sauvé par ses péchés ? Mon Dieu, ce n’est pas que ça m’avance à grand’chose. À vrai dire, je tombe de la poêle dans la braise. N’importe ! « tant qu’il y a vie, il y a espoir ». Je me laisse aller à cette consolante pensée. (Un personnage maigre en robe de prêtre boutonnée jusqu’au menton descend en courant la colline, un rets sur l’épaule.)

PEER GYNT

Qui va là ? Un prêtre portant un rets ? Hope-là ! Je suis décidément l’enfant gâté du sort ! Bonsoir,