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XVII
PRÉFACE

pas désespérer de voir renaître cet esprit chez tel ou tel autre enfant de la vieille terre gauloise. Peut-être même se pénétrera-t-il en plus, grâce à certaines influences ambiantes, d’un peu de cette fantaisie mystique qu’on rencontre, dans les pays germaniques, chez les représentants des époques de verve et d’exubérance qui sont la jeunesse des nations. Car Peer Gynt est bien une œuvre de jeunesse, mais de jeunesse nationale, non de jeunesse individuelle, comme certains l’ont cru. Si elle parle, en France, à l’imagination d’un jeune, d’un vrai jeune, la merveilleuse folie d’Ibsen trouvera peut-être en lui son véritable traducteur. En attendant, — et je crains que l’attente ne soit longue, — j’ai voulu préparer la voie à ce poète à venir en révélant au moins un côté essentiel du drame, celui qui, précisément, peut éveiller les imaginations poétiques ; je veux dire la pensée d’Ibsen, à laquelle je suis resté scrupuleusement fidèle. J’y aurais difficilement réussi, si je n’avais traduit l’œuvre en prose. Tout au plus ai-je essayé de rythmer cette prose d’une façon analogue à celle dont Ibsen procède lui-même depuis qu’il ne versifie plus ses œuvres dramatiques. Il en est plusieurs, d’ailleurs, parmi celles de sa première