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XII
PRÉFACE

cours à cette réincarnation. « Shakespeare, dit M. Georges Brandes, naquit deux fois : la première en 1564, à Stratford-sur-Avon ; la seconde, deux cents ans plus tard, à Hanovre, dans la personne de Guillaume Schlegel, son traducteur. » Mais le soleil de Stratford-sur-Avon envoie ses rayons jusqu’à Hanovre, en sorte que le Wilhem allemand a pu être un reflet du William anglais. Leurs pensées s’orientaient de la même façon et leur suggéraient le même genre d’images et d’harmonies. Les consonnances et les assonnances, les rythmes et parfois les rimes elles-mêmes pouvaient se transmettre, à peine modifiées, de l’original à la traduction. Et c’est ainsi, c’est avec le concours de ces instruments que le rayon shakspearien, transmis par Schlegel, a contribué à faire éclore la fleur du romantisme allemand. Un grand souffle national poussait de nouveau les descendants des vieux Saxons vers l’île bienheureuse où s’était épanoui le génie de leur race. Ce n’était pas seulement une affinité personnelle, c’était l’instinct de toute sa génération qui inspirait Guillaume Schlegel traduisant Shakspeare. Je ne dis pas que le besoin de tremper leurs forces à une source germanique n’ait, à l’instar de ce mouvement,