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ACTE IV

du jour levant ! On se sent, tout à coup, si sûr de soi. Le courage vous vient ; on affronterait un taureau furieux. Autour de moi, quel silence ! Ah ! ces joies agrestes, comment ai-je pu les méconnaître si longtemps ? S’enfermer dans les grandes villes, s’y faire bousculer par la canaille ! Voici des lézards qui zigzaguent au soleil et hument l’air sans penser à rien. L’innocence règne partout jusque dans la vie des bêtes. Chacune suit les lois faites par le Créateur et conserve le sceau qu’il lui a imprimé. Chacune est elle-même, dans ses jeux comme dans ses luttes, elle-même, telle qu’au premier jour de la création. (Prenant son binocle.) Un crapaud. Il semble emmuré dans le roc, avec un petit trou pour y passer la tête. Par cette fenêtre, il regarde le monde et se suffit à lui-même (Il réfléchit.) Se suffire à soi-même ? Où donc ai-je lu cela ? Comme enfant, je crois, dans un vieux grimoire. Était-ce le Livre de famille ? ou la Clavicule de Salomon ? C’est vexant ! Je remarque qu’en vieillissant je perds peu à peu la mémoire des temps et des lieux. (Il se met à l’ombre et s’assied.) Il fait frais ici. On peut se détendre. Voici des fougères à racine comestible. (Il en goûte une.) C’est bon pour les bêtes. Mais n’est-il pas écrit : « Tu vaincras ta nature. » Et plus loin : « Qui s’élève sera abaissé et qui s’abaisse sera élevé. » (Inquiet.) Élevé ? C’est ce qui m’attend : il ne peut en être autrement. Le destin m’aidera à