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IX
PRÉFACE

pas sur ce sujet et me contenterai de renvoyer le lecteur à la brochure qui s’y rapporte. Mais il me reste quelques mots à dire sur la forme adoptée par l’auteur.

Ibsen était âgé de trente-neuf ans quand, en 1868, il écrivit Peer Gynt. Il avait profondément étudié la scène et s’était pénétré des grands principes de son art. Le théâtre lui devait déjà des pièces magistralement faites, comme les Prétendants à la Couronne et la Comédie de l’Amour. Il venait, enfin, d’achever Brand, qui est peut-être la mieux construite de ses œuvres. C’est dire que son talent de dramaturge était arrivé à sa pleine maturité et que le débraillement de Peer Gynt n’est et ne pouvait être qu’un débraillement artistique. Les lois de l’art s’étaient à jamais installées dans le génie de son auteur et l’avaient plié à leur régime. Il ne pouvait plus s’y dérober ni rien produire qui n’y fût conforme. C’est même en cela que consiste la difficulté de représenter Peer Gynt. La pièce est trop longue pour être jouée en entier, et, d’un autre côté, on ne peut la réduire sans en détruire l’harmonie. Celle-ci, de plus, est intimement liée à la suite des idées. Si l’on porte atteinte à l’une, l’autre doit, nécessairement, en souffrir.