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PEER GYNT


(Dans la forêt, devant une hutte fraîchement construite. Bois de renne au-dessus de la porte. Neige épaisse. Crépuscule.)

(Devant la porte, Peer Gynt occupé à fixer une grande serrure en bois.)

PEER GYNT (travaille en riant)

Je veux une serrure à secret grande et forte
Pour arrêter les trolls qui viennent à ma porte ;
Elle les narguera, ma serrure à secret,
Et je ferai la nique au lutin indiscret.
Je les entends venir, bas, à la nuit tombante.
Ils frappent : « Ouvre, Peer, au lutin qui te hante !
Au malin petit troll, fin comme une pensée.
Ouvre donc, ouvre donc à la bande pressée
Dont en un seul clin d’œil le logis se remplit,
Qui descendent dans l’âtre et grattent sous le lit.
« Hi, hi, Peer ! Nous entrons par des portes forcées,
Pas une qui résiste aux malignes pensées. »

(Solveig, un fichu sur la tête, un paquet à la main, de longs patins[1] aux pieds, arrive, glissant sur la neige.)

SOLVEIG

Que Dieu bénisse ton travail. Ne me renvoie pas. Si je suis venue, c’est que tu m’as appelée.

PEER GYNT

Solveig ? C’est toi ? Vrai ? Non, ce n’est pas possible. Tu n’as pas peur de m’approcher ?

  1. Des Ski, longs patins plats en bois dont on se sert en Norvège pour aller comme en traîneau, sur la neige durcie, et descendre les montagnes en hiver.