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À OSTRAAT

nant, elle cherche à monter l’escalier, malgré le linceul qui embarrasse sa marche ; elle en gravit les degrés et elle parvient jusqu’à la salle des chevaliers et, de la porte où elle arrive à l’instant, enfin elle m’aperçoit.

Il tourne vivement la tête et regarde par dessus son épaule, il hoche ensuite la tête et dit à voix haute :)

Approche donc Lucia, viens me parler. Ta mère me fait attendre ; et moi je n’aime pas à attendre, jadis tu me rendais les heures joyeuses.

(Vivement il s’essuie le front et se promène sur la scène).

Tiens, c’est cela ! Voici la fenêtre profonde avec son rideau. C’est de là que Inger Gyldenlöve a l’habitude de regarder au loin sur la route, comme si elle attendait un messager qui n’arrive jamais.

Là-bas !

(Il regarde la porte du côté droit).

Là-bas se trouve la chambre de la sœur de Lucia, Eline !

Dois-je croire qu’elle est vraiment si étrange, si intelligente et si courageuse que me l’a dit Lucia ? Elle aussi doit être belle. Mais il faut épouser… ? Je n’aurais peut-être pas dû écrire comme je l’ai fait ?

(Pensif, il vient s’asseoir auprès de la table, mais il se lève de nouveau).

Comment me recevra-t-elle Madame Inger ?

Ne brûlera-t-elle pas le château sur son hôte ? Ne me fera-t-elle pas tomber dans une oubliette ? Ne me fera-t-elle pas poignarder par derrière.

(Il dresse l’oreille).

Ah !