Si le comte Sture n’avait pas aussi vite fait ses adieux à ce monde, avant un mois, il eut été pendu ou fait prisonnier à vie. Aurait-il été plus heureux ?
Ou bien il aurait gagné la liberté en vendant mon enfant à l’ennemi ! Aussi, l’ai-je tué. Le loup ne défend-il pas ses petits ? Qui donc oserait me blâmer parce que j’ai anéanti celui qui voulait m’arracher la chair de ma chair.
C’était la fatalité ? Toute mère aurait agi comme moi.
Mais je n’ai plus de temps pour ces pensées oisives. Il faut agir.
Je veux écrire à tous mes amis dans le pays. Il faut qu’ils se soulèvent pour la grande cause. Un nouveau roi, — d’abord gouverneur, puis roi…
Qui choisira-t-on à la place du mort ?
Mère de roi… Un beau rêve dans ce mot mère de roi. Il n’y a qu’une chose étrange, l’affreuse ressemblance avec l’autre mot : assassin de roi ![1]
Mère de roi, assassin de roi !
Assassin de roi est celui qui prend la vie d’un roi.
Mère de roi est celle qui donne la vie à un roi.
- ↑ En Norvège, mère de roi se dit Kongemoder, assassin de roi Rongemorder, note du vicomte de Colleville et F. de Zepelin.