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MADAME INGER

C’était un peu audacieux, ce que j’ai tenté là !

(Il écoute par la fenêtre).

Les voilà qui sortent à grand bruit par la porte, on referme le pont-levis derrière eux, me voilà prisonnier !

Aucune possibilité de m’échapper avant une demi-heure. Les Suédois vont le surprendre ; il a trente cavaliers avec lui, la lutte sera dure ; mais si on le capturait vivant ? Si j’étais libre, si je pouvais vite aller trouver les Suédois avant qu’ils aient franchi la frontière, je me le ferais donner.

(Il s’approche de la fenêtre et regarde).

Sort maudit ! des gardes partout dehors, n’y a-t-il donc vraiment aucun moyen ?

(Il se promène sur la scène, s’arrête soudain en écoutant).

Qu’est-ce cela ? Un chant, de la musique ! cela semble venir de la chambre de Mademoiselle Eline. Oui, c’est elle qui chante, donc elle est encore levée.

(Une pensée traverse sa tête).

Eline ! ah ! si je pouvais ! si je pouvais et pourquoi pas ? Ne suis-je pas toujours celui dont la chanson dit : chaque dame soupire, que Dieu lui donne les faveurs de Nils Lykke.

Et elle ?

Eline Gyldenlöve me sauvera.

(Il s’avance rapidement sans bruit, vers la première porte, côté gauche).


Rideau.