Je vous plains alors bien sincèrement. Et croyez-en une faible veuve comme moi ; je vous prédis que de votre voyage à Ostraat vous emporterez des épines qui ensanglanteront toute votre route.
Quelle prédiction, Madame Inger.
Absolument certaine !
De nos jours, voyez-vous, mon cher Seigneur, le monde est si méchant. On va composer des chansons railleuses sur vous. Avant six mois, tout le populaire rira à vos dépens. On s’arrêtera pour vous voir passer et l’on criera : « C’est Nils Likke, celui qui a voulu tromper Inger Gyldenlöve et qui s’est pris à son propre piège. » Patience, chevalier ! je ne vous donne pas mon opinion ; c’est celle du public, qui compte tant d’êtres malveillants.
Cela est regrettable, mais c’est ainsi ; vous serez bafoué parce que vous aurez été joué par une femme. On dira : « Comme un renard rusé, il est bien entré à Ostraat, mais il en est reparti honteux comme un chien battu. Et puis, ne craignez-vous pas que Peder Kanzler et ses partisans ne renoncent à votre aide quand ils sauront que je vous ai refusé mon alliance.