Page:Ibsen - Les Soutiens de la société, L’Union des jeunes, trad. Bertrand et Nevers, 1902.djvu/90

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
78
THÉATRE

DINA. — Quel autre aurait le courage de m’emmener !

RORLUND. — Eh bien, alors, vous saurez l’homme que c’est.

JOHANN. — Taisez-vous !

BERNICK. — Pas un mot de plus !

RORLUND. — Je comprends mal les devoirs que m’impose ma situation de gardien de la morale, et je serais indigne de cette jeune fille à l’éducation de laquelle j’ai travaillé, qui m’a…

JOHANN. — Prenez garde !

RORLUND. — Vous saurez tout, Dîna. Cet homme est celui qui a jeté votre mère dans la misère et dans la honte !

BERNICK. — Monsieur le pasteur.

DINA. — Lui ! (à Johann.) Est-ce vrai ?

JOHANN. — Richard, réponds, toi !

BERNICK. — Pas un mot de plus ! Pas un mot de plus !

DINA. — Ainsi, c’est vrai !

RORLUND. — Oui, c’est vrai, c’est vrai ! La vérité est même pire ! Cet homme auquel vous avez si vite accordé votre confiance ne s’est pas en allé les mains vides… La caisse de Madame Bernick mère… monsieur le consul peut en témoigner…

LONA. — Menteur !

BERNICK. — Oh !

MADAME BERNICK. — Mon Dieu ! Mon Dieu !

JOHANN (s’élançant la main levée). — Vous osez !…

LONA (s’interposant). — Ne le frappe pas, Johann !

RORLUND. — Oui, tournez contre moi votre colère. Je n’en ferai pas moins connaître la vérité. Monsieur le consul ne l’a-t-il pas avoué lui-même ? Toute la ville ne