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LES SOUTIENS DE LA SOCIÉTÉ

JOHANN. — Tu veux dire se marier.

BERNICK. — Oui ; elle aurait pu prendre de très bons partis. On lui en a proposé plusieurs ; des gens tout à fait bien, ce qui est étonnant. Une fille sans fortune, qui n’est plus jeune, et tout à fait insignifiante.

JOHANN. — Insignifiante ?

BERNICK. — Oh ! je ne lui en fais pas un reproche ; je ne la désire pas autrement. Tu sais, dans une grande maison comme la nôtre, il est toujours bon d’avoir une de ces personnes simples à qui l’on peut toujours se fier.

JOHANN. — Oui, mais elle ?…

BERNICK. — Elle ? Comment ? Elle ne manque pas de gens auxquels elle peut s’intéresser. Elle a moi, Betty, Olaf et moi. Ni l’homme, ni la femme ne doivent penser à soi d’abord. Nous devons tous prêter notre appui à une société quelconque, grande ou petite. C’est, au moins, ce que je fais (montrant Krapp qui vient par la droite avec des dossiers). Vois, tu en as là une preuve. Penses-tu que ce soient nos propres affaires qui m’occupent ainsi ? Pas du tout. (Rapidement à Krapp). Eh bien ?


Scène IX

Les mêmes, KRAPP

KRAPP (à voix basse, montrant ces papiers). Tous les contrats d’achat sont en ordre.

BERNICK. — Parfait ! Excellent ! Beau-frère, il faut que tu m’excuses (à voix basse avec une pression de main). Merci et tout ce que je pourrai faire pour toi… tu me