DINA. — Moi, non ; mais… Non, n’en parlons plus ; vous le saurez assez tôt par les autres.
JOHANN. — Hum !
DINA. — Par exemple, je voudrais vous demander quelque chose.
JOHANN. — Quoi donc ?
DINA. — Il parait qu’en Amérique il est très facile de gagner sa vie et de se faire une jolie situation.
JOHANN. — Ce n’est pas toujours si facile que cela ! Dans les commencements il faut travailler ferme.
DINA. — Eh bien, cela me plairait.
JOHANN. — Vous !
DINA. — Oh ! je sais travailler, j’ai une bonne santé, je suis forte et ma tante Martha m’a enseigné une foule de choses.
JOHANN. — Bravo ! alors venez avec nous !
DINA. — Bon ! Vous plaisantez ! Vous l’avez dit aussi à Olaf. Ce que je voudrais savoir surtout, c’est si les gens de là-bas sont très… très… excessivement moraux.
JOHANN. — Moraux ?
DINA. — C’est-à-dire s’ils sont aussi convenables, aussi honnêtes qu’ici.
JOHANN. — Dans tous les cas, ils ne sont pas aussi mauvais qu’on le pense. N’ayez aucune crainte à ce sujet.
DINA. — Vous ne me comprenez pas. Au contraire, je voudrais qu’ils ne fussent pas si nobles et si vertueux.
JOHANN. — Et comment les voudriez-vous, alors ?
DINA. — Je voudrais qu’ils fussent… nature.
JOHANN. — Oui, oui ; ils le sont.
DINA. — Ils me plairaient, alors ; si j’y allais.