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LES SOUTIENS DE LA SOCIÉTÉ

MADAME BERNICK. — Oui, aujourd’hui, nous sommes seuls.

MADEMOISELLE LONA. — Tant mieux ! Nous avons rencontré sur la place quelques-uns de ces… moralisateurs ; ils ont feint d’être pressés. Nous n’aurions pas eu grand’chose à leur dire non plus. Je les avais vus ici hier, avec le pasteur.

HILMAR. — Le vicaire.

MADEMOISELLE LONA. — Le pasteur… Mais que dites-vous de mon garçon ? N’est-ce pas que c’est un solide gaillard ? Qui reconnaîtrait le mauvais sujet d’il y a quinze ans ?

HILMAR. — Oh !

JOHANN. — Lona, ne te vante pas tant !

MADEMOISELLE LONA. — Comment ne serais-je pas fière de toi ? Tu es du reste la seule personne que j’ai guidée dans la vie.

HILMAR. — Guidée ! Oh ! Oh !

MADEMOISELLE LONA. — Oui. Johann, quand je pense comment nous avons débuté là-bas, avec nos quatre mains vides…

HILMAR. — Vides ? je dois dire…

MADEMOISELLE LONA. — Que dois-tu dire ?

BERNICK. — Hum !

HILMAR. — Je dois dire… Oh ! Oh ! (Il sort par le perron.)

MADEMOISELLE LONA. — Mais qu’a-t-il donc ?

BERNICK. — Oh ! ne faites pas attention à lui ; il est un peu nerveux en ce moment. Veux-tu venir faire un tour dans le jardin ? Tu n’y es pas encore allée. Justement j’ai une heure libre.