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THÉATRE

HILMAR. — Oui, il y en dans l’air. Lorsque je vous ai quitté, hier soir, je suis allé au club soigner ma maladie. Au silence qui s’est fait à mon arrivée, j’ai compris que les deux Américains étaient sur le tapis. Puis, cet insolent Hammer, le journaliste, est entré et m’a félicité du retour de mon riche cousin.

BERNICK. — Riche ?

HILMAR. — Oui, c’est-ce qu’il a dit. Je l’ai toisé comme il le méritait ; et je lui ai donné à entendre que je ne savais rien de la fortune de M. Johann Tonnesen. En vérité, m’a-t-il dit, c’est surprenant. En Amérique on réussit généralement quand on a quelques ressources pour commencer, et votre cousin n’est pas parti les mains vides.

BERNICK. — Hum ! Fais-moi le plaisir…

MADAME BERNICK (désolée). — Là, tu vois, Richard !…

HILMAR. — Quoi qu’il en soit, à cause de lui, j’ai passé une nuit sans sommeil. Et maintenant voilà qu’il se promène dans les rues, avec un visage aussi tranquille que s’il ne lui était jamais rien arrivé ! Pourquoi ce cher parent n’a-t-il pas disparu tout à fait ? C’est incroyable comme certaines gens ont la vie dure !

MADAME BERNICK. — Mon Dieu, Hilmar, que dis-tu là ?

HILMAR. — Je ne dis rien. Il est sorti sain et sauf de toutes les catastrophes ; il a échappé à tous les ours de la Californie et à tous les Indiens pieds-noirs. On ne l’a pas même scalpé ! Oh ! oh ! Aussi est-ce nous qui les possédons aujourd’hui.

BERNICK (regardant dans la rue). — Olaf est-il aussi avec eux ?

HILMAR. — Parbleu ! Ils veulent rappeler aux gens