BERNICK. — Oserez-vous prétendre, Aune, que je réclame l’impossible, moi ?
AUNE. — Oui, avec le petit nombre d’ouvriers que nous avons actuellement.
BERNICK. — Bien, bien ! Je m’y prendrai autrement.
AUNE. — Vous avez l’intention de congédier encore d’anciens ouvriers ?
BERNICK. — Non, ce n’est pas à cela que je pense.
AUNE. — Car je crois que vous pourriez en avoir des ennuis dans la presse et en ville.
BERNICK. — En effet. Aussi laisserai-je les choses comme par le passé. Mais si l’Indian Girl n’est pas prête à prendre la mer après-demain, je vous congédie.
AUNE (sursautant). — Moi ! (souriant) Monsieur le consul plaisante !
BERNICK. — Vous ne le croyez pas.
AUNE. — Vous pensez sérieusement à me congédier ? Moi dont le père et le grand-père ont travaillé toute leur vie sur ce chantier et qui moi-même…
BERNICK. — Qui me force à cette extrémité ?
AUNE. — Vous demandez l’impossible, monsieur le consul.
BERNICK. — Quand on y met de la bonne volonté, rien n’est impossible. Oui ou non ; donnez-moi une réponse précise, ou je vous congédie sur-le-champ.
AUNE. — Avez-vous bien réfléchi, monsieur le consul, à ce que vous feriez en renvoyant ainsi un vieux travailleur ? Croyez-vous que tout finisse pour lui avec un changement de maitre ? Sans doute, il peut employer ailleurs ses bras, mais est-ce que c’est tout, cela ? Je vou-