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LES SOUTIENS DE LA SOCIÉTÉ

AUNE. — Mais, monsieur le consul…

BERNICK. — Après demain, entendez-vous, en même temps que le Palmier ; pas une heure plus tard. J’ai mes raisons pour être pressé. Avez-vous lu les journaux de ce matin ?… Alors vous devez savoir que l’équipage américain a encore fait des siennes. Ces individus mettent toute la ville sens dessus dessous. Toutes les nuits il y a des rixes dans les auberges ou dans les rues ; sans compter les autres scandales, que je passe.

AUNE. — Oui, c’est une triste nation.

BERNICK. — Et qui rend-on responsable de ces désordres ? Moi ! Oui. moi ! On met tout sur mon dos. Les écrivailleurs des journaux me reprochent de m’être uniquement occupé du Palmier. Et moi, dont la mission est de donner l’exemple à mes concitoyens, je dois me laisser dire ces choses-là en face ! Je ne veux pas le supporter plus longtemps, car je n’ai pas mérité que l’on déshonore ainsi mon nom.

AUNE. — Votre réputation, monsieur le consul, ne serait pas entamée pour cela, ni même pour beaucoup plus.

BERNICK. — Actuellement, non ; mais c’est que, précisément aujourd’hui, j’ai plus besoin que jamais de l’estime et de la sympathie générales. J’ai une grosse entreprise en vue, vous avez dû en entendre parler ; et si des gens mal intentionnés ébranlaient mon crédit, il pourrait en survenir de très grandes difficultés. C’est à cause de cela que je veux mettre fin à tous ces bruits calomnieux et que j’ai fixé la date d’après-demain.

AUNE. — Aussi bien, monsieur le consul, auriez-vous pu fixer cette après-midi.