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THÉATRE


Scène XIV

BERNICK, Mme BERNICK, KRAPP, RORLUND

BERNICK (Il vient de relire la dépêche). — Voilà qui est bien américain ! En vérité, c’est honteux.

MADAME BERNICK. — Mon Dieu, Richard, qu’y a-t-il ?

BERNICK. — Tenez, monsieur Krapp, lisez.

KRAPP (Il lit). — « Faites le moins de réparations possibles. Envoyez l’Indian Girl dès qu’elle sera renflouée. La saison est bonne. Il faut à tout prix que la cargaison arrive. » C’est un peu fort !

BERNICK. — Que la cargaison arrive ! Ces messieurs savent fort bien que le navire coulera comme une pierre s’il éprouve la moindre avarie.

RORLUND. — Voilà comment agissent ces grandes compagnies si vantées,

BERNICK. — Vous avez raison. Dès qu’il s’agit de réaliser un bénéfice, on ne tient même pas compte de la vie des gens. (À Krapp.) l’Indian Girl pourra-t-elle prendre la mer dans quatre ou cinq jours ?

KRAPP. — À la condition que M. Wiegeland ne s’oppose pas à ce que je suspende les travaux du Palmier.

BERNICK. — Hum ! il n’y consentira pas… Ayez donc la bonté de regarder le courrier… N’avez-vous pas vu Olaf sur le quai ?

KRAPP. — Non, monsieur le consul. (Il entre dans la chambre du premier plan à gauche.)