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LES SOUTIENS DE LA SOCIÉTÉ

SANDSTAD. — Et qui nous eût coûté très cher.

RUMMEL. — Sans compter qu’elle aurait lésé des intérêts considérables.

BERNICK. — La chose décisive c’est qu’elle eut été nuisible à nos grands commerçants ; voilà pourquoi je m’y suis opposé, et pourquoi on a maintenant décidé la construction d’une ligne intérieure.

HILMAR. — Celle-là ne desservira pas les villes voisines.

BERNICK. — Si fait, la nôtre, mon cher, car nous avons le projet de construire un embranchement.

HILMAR. — Un nouveau projet.

RUMMEL. — Oui, et superbe, celui-là !

RORLUND. — Hum !

WIEGELAND. — Il n’y a pas à le nier, c’est la Providence elle-même qui a préparé le terrain pour un embranchement.

RORLUND. — Est-ce réellement votre avis, monsieur Wiegeland ?

BERNICK. — Je dois l’avouer, je considère moi-même comme un rare bonheur ; l’occasion qui, par hasard, m’a, ce printemps, amené dans cette vallée que je ne connaissais pas. Rapide comme l’éclair m’est venue la pensée qu’il faudrait créer là un embranchement. J’y ai envoyé un ingénieur, dont j’ai ici les devis et les calculs. Il n’y a plus aucun obstacle.

MADAME BERNICK (qui est avec les autres dames sur la porte du jardin). — Comment, mon cher Richard, ne nous as-tu pas dit un mot de tout cela ?

BERNICK. — Ma bonne Betty, tu n’aurais pas su te placer au point de vue qu’il fallait. Du reste, je n’en ai