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LES SOUTIENS DE LA SOCIÉTÉ

MADAME RUMMEL. — Non, Hilmar est son cousin, je parle de son frère.

MADAME HOLT. — Celui qui a mal tourné.

MADAME RUMMEL. — Il s’appelait Johann. Il est parti pour l’Amérique.

MADAME HOLT. — Il a dû partir, comme vous le pensez.

MADAME LYNGE. — Et c’est lui qui a occasionné ce scandale ?

MADAME RUMMEL. — Oui, il était si… comment dirai-je ?… C’est une histoire avec la mère de Dina. Oh ! je me le rappelle comme si c’était d’hier. Johann Tonnesen faisait alors le commerce avec la vieille madame Bernick. Richard Bernick venait d’arriver de Paris et n’était pas encore fiancé.

MADAME LYNGE. — Bien ; mais l’affreux scandale ?

MADAME RUMMEL. — Cet hiver-là, nous avions ici la troupe de Müller.

MADAME HOLT. — Et, dans cette troupe, il y avait un acteur, nommé Dorf, qui était marié. Tous les jeunes gens étaient fous de sa femme.

MADAME RUMMEL. — Dieu seul sait comment ils s’y prenaient pour la trouver jolie ! Mais un soir où l’acteur Dorf rentrait assez tard chez lui.

MADAME HOLT. — Et qu’il n’était pas du tout attendu.

MADAME RUMMEL. — Voilà qu’il trouve ;… non, réellement, on ne peut pas raconter cela.

MADAME HOLT. — Non, madame Rummel, il n’a rien trouvé, car la porte était fermée en dedans. Le jeune homme a dû sauter par la fenêtre.

MADAME RUMMEL. — Par la fenêtre.