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THÉATRE

stensgard. — Ce n’est pas vrai alors ?

ringdal. — Il n’y a pas un mot de vrai en ce qui concerne le chambellan. Qui vous a dit cela ?

stensgard. — Je ne veux pas le nommer encore.

ringdal. — N’importe ! Celui qui vous l’a dit avait une intention cachée.

stensgard. — Une intention ?

ringdal. — Oui ; réfléchissez bien ! N’y a-t-il personne ici qui ait intérêt à vous éloigner du chambellan ?

stensgard. — Oui, oui, c’est vrai ; il y a plusieurs personnes.

ringdal. — Au fond, le chambellan a beaucoup de sympathie pour vous.

stensgard. — Vraiment ?

ringdal. — Certes ! Et pour vous faire perdre ses bonnes grâces, on compte sur votre connaissance insuffisante des affaires de la localité, sur votre exaltation, sur votre crédulité, sur…

stensgard. — Oh ! les maudits chiens ! Et Madame Rundholmen qui a ma lettre.

ringdal. — Quelle lettre ?

stensgard. — Rien, rien. Peut-être n’est-il pas trop tard !… Cher monsieur Ringdal, verrez-vous le chambellan ce soir ?

ringdal. — Sans doute.

stensgard. — Dites-lui donc, à propos de ces menaces, que ce sont de pures sottises. Du reste, il est fixé déjà. Dites-lui aussi que demain matin j’irai moi-même tout lui expliquer.

ringdal. — Et vous irez ?

stensgard. — Oui, pour lui prouver… lui prouver