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THÉATRE

prenez pas cet air effrayé ! Vous n’étiez pas ainsi autrefois.

ragna. — Dieu soit loué ! C’est fini.

stensgard. — Mais pourquoi ?

ragna. — J’ai appris à vous mieux connaître ; et il est très heureux que je l’aie appris assez tôt !

stensgard. — Oh ! je comprends ! On m’a calomnié ! Peut-être est-ce ma faute. J’étais pris comme dans un filet. Mais maintenant c’est fini ! Oh ! quand je vous vois, il me semble que je deviens meilleur ! C’est vous que j’aime, Ragna, vous et nulle autre !

ragna. — Laissez-moi passer ! J’ai peur de vous !

stensgard. — Demain, Ragna, pourrai-je vous voir et vous parler, demain ?

ragna. — Oui, oui, je veux bien ; mais pas aujourd’hui.

stensgard. — Pas aujourd’hui ! Demain ! Victoire ! J’ai vaincu ! Je suis heureux !

madame rundholmen (avec du vin et des gâteaux). — Hé bien, nous allons trinquer au bonheur et à la bénédiction du ciel.

stensgard. — Au bonheur en amour ! A l’amour et au bonheur ! Un vivat pour la journée de demain ?

(Il boit.)

helle (à Ragna). — L’avez-vous trouvé ?

ragna. — Non, il n’est pas ici ; venez, venez !

madame rundholmen. — Qu’est-ce que cela veut dire ?

helle. — Rien. Des étrangers sont venus à Storli et…

madame rundholmen (à Ragna). — Oh ! vous avez encore des étrangers chez vous ?