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THÉATRE

MADAME RUMMEL. — Il suffit de retourner à quatorze ou quinze ans en arrière. Dieu, quelle vie on menait ! Il y avait dans ce temps-là une société chorégraphique et une société musicale.

MADAME BERNICK. — Et une société dramatique ; je m’en souviens fort bien.

MADAME RUMMEL. — Oui, on y a joué votre pièce, monsieur Tonnesen.

HILMAR (s’éloignant vers le fond). — Ah ! laissez donc !

RORLUND. — Une pièce de ML Tonnesen !

MADAME RUMMEL. — Oui, c’est longtemps avant votre arrivée, monsieur le vicaire. Du reste, on ne l’a jouée qu’une fois.

MADAME LYNGE. — N’est-ce point dans cette pièce que vous m’avez raconté avoir tenu un rôle de jeune première, madame Rummel ?

MADAME RUMMEL (regardant le vicaire à la dérobée). Moi ? Je ne me le rappelle vraiment pas, madame Lynge. Ce dont je me souviens fort bien, c’est de la vie bruyante et mondaine que l’on menait alors dans les familles.

MADAME HOLT. — Certes ! Il y avait des maisons où l’on donnait jusqu’à deux grands bals par semaine.

MADAME LYNGE. — Dans le temps, il y a eu aussi une troupe d’acteurs ambulants.

MADAME RUMMEL. — Ah ! ce fut le pire !

MADAME HOLT (troublée et agitée). — Hum ! Hum !

MADAME RUMMEL. — Des acteurs ? Non, je ne me souviens pas de cela du tout.

MADAME LYNGE. — Il parait que ces gens-là ont joué toutes sortes de mauvais tours. Voyons, que s’est-il passé exactement ?