Page:Ibsen - Les Soutiens de la société, L’Union des jeunes, trad. Bertrand et Nevers, 1902.djvu/250

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
238
THÉATRE

erik. — Tu sais, cher père, que jusqu’ici j-e ne t’ai jamais mêlé à mes affaires.

bratsberg. — Je ne te l’aurais pas permis.

erik. — Mais aujourd’hui je suis obligé…

bratsberg. — De quoi faire ?

erik. — Père, il faut que tu me viennes en aide.

bratsberg. — Tu veux de l’argent ? Tu peux être sûr que…

erik. — Pour une fois seulement ! Je te jure que c’est la dernière. Je dois t’avouer que je suis en relations avec Monsen.

bratsberg. — Je le sais, vous avez une magnifique spéculation sur le tapis.

erik. — Une spéculation ! Qui te l’a dit ?

bratsberg. — Monsen.

erik. — Monsen est venu ?

bratsberg. — Oui, il y a un instant ; je l’ai chassé.

erik. — Père, si tu ne me viens pas en aide, je suis ruiné.

bratsberg. — Bon ! Que t’avais-je prédit ?

erik. — C’est vrai, mais il est trop tard maintenant pour…

bratsberg. — Ruiné ! En deux ans ! Au reste, que pouvais-tu espérer d’autre ? Et qu’allais-tu faire dans ce milieu d’escrocs qui éblouissent leur monde avec des capitaux imaginaires. Avec ces gens-là, il faut user de ruse ou bien on est joué. Tu le vois maintenant.

erik. — Père, veux-tu me sauver oui ou non ?

bratsberg. — Non, encore une fois, non !

erik. — Mon honneur est en jeu.

bratsberg. — Oh ! pas de grandes phrases ! Échouer