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LES SOUTIENS DE LA SOCIÉTÉ

HILMAR. — Non, en effet.

MADAME BERNICK. — Tu n’as peut-être pas bien dormi, la nuit dernière.

HILMAR. — Non, j’ai très mal dormi. Précisément à cause de ce malaise, j’ai fait hier soir une petite promenade ; puis je suis allé au cercle où j’ai lu le récit d’un voyage au pôle nord. Je trouve que l’on puise du courage à suivre ainsi l’homme dans sa lutte contre les éléments.

MADAME RUMMEL. — Cela vous a peut-être impressionné, monsieur Tonnesen.

HILMAR. — Votre supposition est très juste, madame Rummel. Toute la nuit je me suis retourné de tous les côtés, dans une espèce de demi sommeil où je me voyais poursuivi par un horrible morse.


Scène IV

Les Mêmes, OLAF

OLAF (qui arrive par le perron). — Tu as été poursuivi par un morse, mon oncle ?

HILMAR. — En rêve seulement, mauvais gamin. Tu joues encore avec cet arc ridicule ? Pourquoi ne prends tu pas pour t’exercer une arme plus sérieuse ?

OLAF. — Je voudrais bien, mais…

HILMAR. — Un arme à feu aurait un sens, au moins. Quand le coup part, on éprouve une sensation de… cela vous contracte les nerfs et…

OLAF. — Oui, et je pourrais tuer des ours, mon oncle. Mais papa ne veut pas.