quoi ne pensez-vous jamais à vous-même ; pourquoi n’avez-vous aucune ambition ?
stensgard. — De l’ambition ?… Moi ?
lundestad. — Pourquoi dépensez-vous vos forces pour les autres ? Bref, pourquoi ne voulez-vous pas vous-même entrer au Starthing ?
stensgard. — Moi ? Vous ne parlez pas sérieusement.
lundestad. — Vous avez acquis le droit électoral à ce qu’on m’a dit. Mais si vous ne profitez pas de l’occasion qui se présente, il viendra peut-être quelqu’un qui sera bien en selle… et alors vous ne pourrez le désarçonner.
stensgard. — Au nom du ciel ! Pensez-vous ce que vous dites, monsieur Lundestad ?
lundestad. — Cela ne nous mène à rien. Si vous ne voulez pas, alors…
stensgard. — Si je ne veux pas ? Je vous avouerai franchement que je ne suis pas si dénué d’ambitions que vous le croyez. Mais pensez-vous réellement que ce soit possible ?
lundestad. — Je le crois. Je ferai moi-même tout ce qui sera en mon pouvoir, le chambellan aussi, car il connaît vos capacités. Vous avez la jeunesse pour vous et…
stensgard. — Monsieur Lundestad, vous êtes, je le vois bien, mon véritable ami.
lundestad. — Et si vous étiez mon ami, vous, vous me déchargeriez de ce lourd fardeau que vos jeunes épaules porteront plus aisément que les miennes.
stensgard. — Remettez-vous en à moi pour cela, et ne craignez pas que je vous abandonne.