Page:Ibsen - Les Soutiens de la société, L’Union des jeunes, trad. Bertrand et Nevers, 1902.djvu/218

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
206
THÉATRE


Scène XII

STENSGARD, LUNDESTAD

lundestad. — Hé bien, monsieur l’avocat Stensgard ?

stensgard. — Hé bien, monsieur Lundestad ?

lundestad. — Vous êtes seul ? Si cela ne vous ennuie pas, je causerais volontiers un instant avec vous.

stensgard. — A vos ordres.

lundestad. — D’abord je dois vous prévenir de ceci : Si l’on vous rapporte que j’ai dit quelque chose de désavantageux sur votre compte, il ne faudra pas le croire.

stensgard. — Sur moi ? Qu’est-ce que vous auriez pu dire ?

lundestad. — Rien, je vous assure, mais il y a tant de gens mal intentionnés qui cherchent à brouiller les gens…

stensgard. — Oui, en somme, nous voilà arrivés ; à nous trouver placés l’un vis-à-vis de l’autre dans une fausse situation.

lundestad. — C’est une situation tout à fait naturelle au contraire, monsieur Stensgard. C’est la situation de ce qui est jeune vis-à-vis de ce qui est vieux.

stensgard. — Mais non, monsieur Lundestad, vous n’êtes pas si vieux !

lundestad. — Si, si, je me fais vieux. Je siège déjà au Starthing depuis 1839. Il faut maintenant que je songe à prendre ma retraite.

stensgard. — Prendre votre retraite ?