Scène XII
lundestad. — Hé bien, monsieur l’avocat Stensgard ?
stensgard. — Hé bien, monsieur Lundestad ?
lundestad. — Vous êtes seul ? Si cela ne vous ennuie pas, je causerais volontiers un instant avec vous.
stensgard. — A vos ordres.
lundestad. — D’abord je dois vous prévenir de ceci : Si l’on vous rapporte que j’ai dit quelque chose de désavantageux sur votre compte, il ne faudra pas le croire.
stensgard. — Sur moi ? Qu’est-ce que vous auriez pu dire ?
lundestad. — Rien, je vous assure, mais il y a tant de gens mal intentionnés qui cherchent à brouiller les gens…
stensgard. — Oui, en somme, nous voilà arrivés ; à nous trouver placés l’un vis-à-vis de l’autre dans une fausse situation.
lundestad. — C’est une situation tout à fait naturelle au contraire, monsieur Stensgard. C’est la situation de ce qui est jeune vis-à-vis de ce qui est vieux.
stensgard. — Mais non, monsieur Lundestad, vous n’êtes pas si vieux !
lundestad. — Si, si, je me fais vieux. Je siège déjà au Starthing depuis 1839. Il faut maintenant que je songe à prendre ma retraite.
stensgard. — Prendre votre retraite ?