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L’UNION DES JEUNES

dans le meilleur monde. C’est là que mon fils eut l’occasion de la connaître.

stensgard. — M. Daniel avait ainsi servi d’instrument…

bratsberg. — C’est ainsi que les choses s’enchaînent dans la vie. Nous sommes tous de simples instruments. Vous-même vous êtes un instrument de démolition.

stensgard. — Oh ! monsieur le chambellan, vous me rendez tout confus.

bratsberg. — Confus ?

stensgard. — C’était fort déplacé… hier…

bratsberg. — On pourrait peut-être trouver quelque chose à reprendre dans la forme, mais l’intention était bonne. Et c’est pourquoi je vous prie à l’avenir, quand vous aurez quelque chose sur le cœur, de venir me trouver, de m’en parler franchement. Croyez bien que nous tenons à ce que tout aille pour le mieux

stensgard. — Vous me permettez de vous parler franchement ?

bratsberg. — Certes ! Pensez-vous que je n’avais pas remarqué aussi que notre société prenait peu à peu de fort mauvaises habitudes ? Mais que voulez-vous que je fasse ? A l’époque du roi Charles-Jean, j’habitais la plupart du temps à Stockholm ; maintenant je suis vieux, et il n’est pas dans ma nature de faire des réformes, de prendre une part active aux affaires. Vous, au contraire, monsieur Stensgard, vous avez les qualités nécessaires pour cela ; si vous le voulez, nous ferons tous les deux un traité d’alliance.

stensgard. — Merci, monsieur le chambellan, merci !