Page:Ibsen - Les Soutiens de la société, L’Union des jeunes, trad. Bertrand et Nevers, 1902.djvu/202

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
190
THÉATRE

thora. — Moi ? Non.

selma. — Si, si. Il me semble que tu causes bien sérieusement avec le docteur depuis quelques jours.

thora. — Non, je t’assure.

selma. — Voyons, laisse-moi voir ! Ta figure est toute brûlante ! Qu’en pensez-vous, cher docteur ? La chaleur est-elle passée ?

fieldbo. — Tout a son temps, il le faut bien.

thora. — Le froid ne vaut pourtant pas mieux.

selma. — Non ; une température moyenne. C’est aussi ce que dit mon mari.

bratsberg (du jardin). — Toute la famille en tête-à-tête intime ? Ce n’est pas très aimable pour nos hôtes.

thora. — Cher père, je vais tout de suite…

bratsberg. — Ah ! c’est vous, monsieur Stensgard, qui faites la cour aux dames ! Je vais surveiller cela.

thora (bas à Fieldbo). — Restez.

(Elle va dans le jardin.)

erik (offrant le bras à Selma). — Madame permet ?

selma. — Viens !

(Ils s’éloignent tous les deux.)

bratsberg (les suivant des yeux). — Il ne faut pas penser à les séparer ces deux-là.

fieldbo. — Ce serait là une mauvaise pensée.

bratsberg. — Oui, il y a un Dieu pour les fous. (Appelant.) Thora, Thora, veille donc sur Selma ! Porte-lui un châle et ne la laisse pas courir ainsi de façon à s’enrhumer ! Ah ! monsieur le docteur, nous ne sommes pas clairvoyants, nous autres hommes. Connaissez-vous un remède à cela ?