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L’UNION DES JEUNES

fois. Tu veux être la voix, dis-tu ? Ici, dans cette ville ? Et où sera l’écho qui soulèvera la tempête ? Des gens comme le propriétaire Monsen, comme Bastian ! Au lieu d’empereurs et de rois fugitifs, nous verrons l’administrateur du domaine courir après son mandat de député… Qu’est-ce qu’il en reste, au fond, de ton rêve ? Le commencement : de petits bourgeois qui courent dans le vent.

stensgard. — Oui, d’abord. Mais on ne peut savoir jusqu’où une tempête étendra ses ravages.

fieldbo. — Taratata ! Et puis, aveuglé, circonvenu comme tu l’es déjà, tu ne manqueras pas de tourner tes armes contre les plus honorables et les meilleurs d’entre nous.

stensgard. — Ce n’est pas vrai.

fieldbo. — Si. Monsen, dès ton arrivée, a mis le grappin sur toi et te perdra si tu ne te débarrasses pas de lui. Le chambellan Bratsberg est un homme d’honneur, tu peux m’en croire. Sais-tu pourquoi Monsen le hait ? C’est parce que…

stensgard. — Pas un mot de plus ! N’offense pas mes amis !

fieldbo. — Voyons, Stensgard. Monsen est-il vraiment ton ami ?

stensgard. — Il m’a accueilli chez lui avec bienveillance.

fieldbo. — C’est en vain qu’il ouvre sa maison aux gens les plus considérés de la localité.

stensgard. — Qui entends-tu par là ? Quelques fonctionnaires vaniteux. Ah ! je les connais. En ce qui me concerne il m’a reçu avec une telle distinction, de si grands égards que…