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L’UNION DES JEUNES

fieldbo. — Mais pas du tout, vous l’avez bien vu. Que dites-vous de cette nouvelle Société ? C’est une nouvelle lutte d’influences qui se prépare dans la localité.

lundestad. — Une vrai lutte, vous avez raison. Il est très bien doué, ce Stensgard.

fieldbo. — Et il veut parvenir.

lundestad. — Les jeunes gens veulent toujours parvenir. Je le voulais aussi quand j’étais jeune. On nepeut leur en faire un reproche… On peut entrer, sans doute.

hejre (hors de la tente). — Tiens, Lundestad ! est-ce que vous voudriez faire de l’opposition ? Hé ! hé ! dans ce cas, il faut vous presser.

lundestad. — Oh ! j’arrive bien encore assez tôt.

hejre. — Trop tard, mon cher. Est-ce, par hasard, que vous voudriez être parrain. (Hurrahs sous la tente.) Voilà les sacristains qui chantent amen. Le baptême est terminé.

lundestad. — Mais on peut bien écouter ; je me tiendrai coi.

hejre. — Encore un pilier qui tombe ! Et il en tombera d’autres. Ça aura bientôt l’air ici d’une forêt après la tempête. Perspective splendide !

fieldbo. — En quoi cela peut-il vous intéresser, monsieur Hejre ?

hejre. — M’intéresser ? Je ne suis pas un homme intéressé, monsieur le docteur. Quand je me réjouis, c’est pour l’amour de mes chers concitoyens. Il y aura, enfin, dans notre localité, un peu de vie, d’animation. Personnellement, je dis ce que le Grand Turc disait de l’empereur d’Autriche et du roi de France : Cela m’est égal que