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THÉATRE

monsen. — Oui, voyez par exemple Bastian, n’a-t-il pas reçu une bonne éducation ?

hejre. — Plutôt trois fois qu’une. — D’abord étudiant, puis en un tour de main peintre, puis aussi rapidement ingénieur civil, ce qu’il est aujourd’hui.

bastian. — Oui, je le suis, nom d’un tonnerre !

monsen. — Oui, il l’est ; je puis le prouver par les comptes et les certificats d’examen. Mais à qui donne-t-on les travaux de la commune, les travaux de voirie ? A des étrangers, à des gens qui ne sont pas de la ville et sur lesquels on n’est pas du tout fixé.

hejre. — C’est vrai. Il se passe ici des choses honteuses. Au jour de l’an dernier l’on a eu besoin d’un administrateur pour la caisse d’épargne, mais on a repoussé M. Monsen et l’on a pris un homme (il tousse) à qui l’argent collait aux doigts. On ne pourrait pas dire cela de notre généreux amphytrion. Y a-t-il dans la commune une adjudication quelconque de travaux, ce n’est jamais Monsen qui est favorisé par les autorités. Le commune sufragium du droit romain, cela veut dire ici que l’on fait naufrage dans les affaires communales. Fi ! de pareils vilenies !… A votre santé !

monsen. — Merci, mais pour parler d’autre chose, où en êtes-vous de vos nombreux procès ?

hejre. — Ils sont tous en bonne voie. Je ne peux pas vous en dire plus long pour le moment. Quelles avanies ne m’a-t-on pas faites à ce sujet ? La semaine prochaine je me verrai dans l’affreuse nécessité de citer tout le conseil municipal devant la commission d’arbitrage.

bastian. — Est-il vrai que vous vous soyez cité vous-même devant la commission d’arbitrage ?