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THÉATRE

sieurs reprises, en laissant un intervalle entre chaque coup, à la porte du cabinet du consul. M. Krapp, le chef de comptabilité, le chapeau à la main et des papiers sous le bras, sort de chez M. Bernick.


Scène PREMIÈRE

KRAPP, AUNE

KRAPP. — Ah ! vous avez frappé ?

AUNE. — M. le consul m’a fait dire qu’il désirait me parler.

KRAPP. — C’est exact ; mais il ne peut vous recevoir. Il m’a chargé de vous…

AUNE. — Vous ?… Je tiendrais cependant…

KRAPP. — De vous dire que vous devez cesser les conférences que vous faites chaque samedi aux ouvriers.

AUNE. — Comment ! je croyais qu’il m’était permis de consacrer mon temps libre à…

KRAPP. — Il ne vous est pas permis de consacrer votre temps libre à souffler le mécontentement aux ouvriers. Samedi dernier, vous les avez entretenus du dommage que leur causent nos nouvelles machines et notre nouvelle répartition du travail sur le chantier. Dans quel but ?

AUNE. — Dans le but d’être utile à la société.

KRAPP. — Je m’en doute ! En attendant, le consul dit que c’est ainsi qu’on la désorganise.

AUNE. — Ma société n’est pas celle du consul, monsieur le comptable ; et, comme président de l’union ouvrière, je dois…

KRAPP. — Avant toutes choses, vous représentez sur le