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LES SOUTIENS DE LA SOCIÉTÉ

Retournez chacun chez vous, reprenez vos sens, réfléchissez ! Quand vous aurez recouvré votre sang-froid nous verrons si j’ai, par cette confession, ou perdu ou gagné votre estime. Au revoir ! J’ai bien d’autres choses à me reprocher, mais celles-là ne regardent que ma conscience. Bonne nuit ! Enlevez ces signes de fête ; nous savons tous qu’ils sont déplacés.

RORLUND. — Non, à coup sûr. (A Madame Bernick.) Partie ! Elle était donc tout à fait indigne de moi ! (Au comité de la fête.) Oui, Messieurs, après cet incident, je crois que ce que nous avons de mieux à faire, c’est de nous retirer.

HILMAR. — Comment porter haut le drapeau intellectuel maintenant que… Oh ! Oh ! (Les aveux de M. Bernick courent dans la foule qui s’écoule lentement par le jardin. Alstedt, Wiegeland et Rummel s’en vont aussi après avoir échangé quelques phrases. Dans le salon restent silencieux les membres de la famille et M. Krapp.)


Scène XIX

BERNICK, Mme  BERNICK

BERNICK. — Betty, me pardonneras-tu jamais ?

MADAME BERNICK (en souriant). — Sais-tu, Richard, que tu viens de m’ouvrir de riantes perspectives pour l’avenir ?

BERNICK. — Comment cela ?

MADAME BERNICK. — J’ai cru pendant longtemps que je t’avais possédé, puis reperdu, je comprends à cette heure que tu ne m’avais jamais appartenu, mais que tu vas être à moi.