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THÉATRE

de fer peut, il est vrai, faire une brèche par laquelle nous viendront des éléments corrupteurs et des maux encore inconnus. Mais par cette brèche, ils s’en iront aussi avec une égale rapidité. Ces éléments corrupteurs nous avaient, du reste, atteint déjà ; mais c’est précisément dans cette soirée de fête, si j’en crois la rumeur, que nous en avons été délivrés, plus tôt, heureusement, que nous ne l’espérions. Je… (Voix : Chut ! chut ! ssssst !) Je considère ce départ comme d’un bon augure pour le succès de votre entreprise, et, si j’ose le dire, il prouve que dans cette maison on place les exigences de la morale au-dessus des liens de la famille. (Voix : Ecoutez ! écoutez ! Bravo !)

BERNICK. — Permettez-moi…

RORLUND. — Encore quelques mots seulement, monsieur le consul. Ce que vous avez fait pour cette ville, vous ne l’avez certainement pas fait avec l’arrière-pensée qu’il en résulterait pour vous un avantage matériel. Mais vous ne repousserez pas cependant un modeste témoignage de la reconnaissance de vos concitoyens, à cette heure solennelle où, d’après les hommes pratiques, commence une ère nouvelle. (Plusieurs voix : Bravo ! bravo ! écoutez ! Il fait un signe aux porteurs. Ceux-ci approchent la corbeille. Les membres du comité présentent ensuite le contenu.) Monsieur le consul, nous vous offrons un service à café en argent. Puisse-t-il orner votre table quand nous aurons à l’avenir, comme nous l’avons eu souvent dans le passé, la joie de nous réunir sous ce toit hospitalier. Et vous aussi, Messieurs, qui avez toujours prêté un concours empressé à notre premier citoyen, nous vous prions d’accepter ce petit