Page:Ibsen - Les Soutiens de la société, L’Union des jeunes, trad. Bertrand et Nevers, 1902.djvu/103

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
91
LES SOUTIENS DE LA SOCIÉTÉ

BERNICK. — Pourrais-tu vraiment exiger cela ?

LONA. — Mais quel autre moyen de réparer une aussi grave injustice ?

BERNICK. — Je suis riche, Lona, et tout ce que me demandera Johann…

LONA. — Bah ! Offre lui de l’argent, tu verras sa réponse !

BERNICK. — Sais-tu quelles sont ses intentions ?

LONA. — Non. Depuis hier, il est très grave et ne souffle mot. On dirait que cet incident l’a tout à fait changé.

BERNICK. — Il faut que je lui parle.

LONA. — Le voici.


Scène VI

BERNICK — JOHANN

BERNICK (allant au devant de Johann). — Johann !

JOHANN (avec un geste pour s’en aller). — D’abord, moi… Je t’ai donné hier ma parole de me taire.

BERNICK. — Oui.

JOHANN. — … Il est vrai que je ne savais pas encore…

BERNICK. — Johann, laisse-moi t’expliquer la situation en deux mots.

JOHANN. — Inutile, je la devine. La maison était sur le point de sombrer. Tu jouissais d’une réputation sans tache, moi j’étais parti. Alors tu as rejeté la faute sur moi. Hé bien, je ne te le reprocherai pas trop ; car, en ce temps là, nous étions tous les deux également jeunes et légers. Mais aujourd’hui il faut que l’on sache la vérité, il faut que tu parles.